Les AstroNomades 2012... Autour de la météorite de Juvinas :
Histoire de la météorite de Juvinas
Hameau du Cros de Libonès, Juvinas (Ardèche)
- 19 kms d'Aubenas, 14 kms de Vals les Bains
Vendredi 15 juin 1821 - 15 h environ.
Une météorite ou un aérolithe tombe dans un champ de pomme de terre au Cros de Libonès sur la commune de Juvinas en Ardèche. A l'époque, les connaissances scientifiques sur les « pierres tombées du ciel » sont récentes, peu diffusées et le phénomène passe pour surnaturel.
…Nous entendîmes tout à coup une détonation épouvantable, que l’on peut comparer à un coup de canon, mais beaucoup plus fort ; elle fut suivie d’un roulement qui se prolongea environ 3 minutes et qui semblait parcourir et remplir les vallons circonvoisins, ce qui faisait croire à nos paysans que le monde touchait à sa fin et que notre globe s’enfonçait peu à peu. Tous étaient remplis de frayeur et d’étonnement" ( M. Fraysse, curé de Juvinas).
25 juin 1821
M. Delaigue, Maire de Juvinas dresse le Procès Verbal de l'événement qui relate la chute de la météorite, les témoignages visuels de l'époque mais surtout le ressenti dans la population locale. Si le ton se veut objectif, il n'est rien caché de la frayeur provoquée par ce phénomène.
"Nous, Maire de la commune de Juvinas, canton d'Antraigues, arrondissement de Privas, département de l'Ardèche, rapportons que la quinze juin présent mois, averti par un bruit épouvantable qui se fit entendre, tant sur notre commune que sur celles environnantes, vers les trois heures de l'après-midi, nous jugeâmes que quelque événement majeur autant qu'extraordinaire semblait opérer un bouleversement général dans la nature"
La population est tellement apeurée qu'une semaine s'écoule avant que le Maire donne son accord pour partir à la recherche de « cette merveille ».
- La question se pose de savoir si l'on doit y aller en armes ou accompagnés d'eau bénite.
«On délibéra longtemps si l’on irait en armes pour entreprendre une opération qui paraissait si dangereuse ; mais Claude Serre (sacristain), observa avec raison que, si c’était le diable, la poudre ni les armes ne pouvaient rien sur lui, et qu’il valait mieux porter de l’eau bénite et, qu’en ce cas, il se chargeait lui-même de faire fuir l’esprit malin." (Procès Verbal de M. Delaigue, Maire de Juvinas).
La météorite, retrouvée sous environ 160 cm de terre au creux d'un cratère d'environ un mètre de diamètre, était trop lourde pour être extraite telle qu'elle. D'un poids initial de 92 kg, elle fut donc cassée en deux gros blocs d'un peu plus de 40 kg chacun et d'une multitude de petits fragments.
« La plupart des sources mentionne une masse totale de 92 kg pour cette météorite.
Selon monsieur Vaschalde, pharmacien à Vals, après la mise en morceaux de Juvinas, le plus gros des fragments (43 kg) fut attribué à monsieur Alleyson, orfèvre à Aubenas qui, après l’avoir exposé au public, en aurait fait don au cabinet d’Histoire Naturelle du Museum de Paris1.
Là les sources divergent…
Il semble que c’est Auguste Daubré (1814-1896) professeur de géologie au MNHN qui fait entrer cette météorite en 1865 dans les collections du Muséum2.
Il l’acquiert avec un lot de 20 météorites appartenant à la collection du physicien Jacques Babinet (1794-1872), membre comme lui de l’Académie des Sciences.
Juvinas apparait ainsi dans le troisième catalogue du MNHN du 31 mai 1868.
Il reste encore beaucoup de mystères autour des pérégrinations de cet échantillon de 43 kg arrivé en 1865 au Muséum.
Actuellement ce fragment et quelques autres, répartis dans le monde entier, sont référencés pour une masse totale de près de 45 kg (dont un peu plus de 36 kg au MNHN de Paris).
Sera-t-il un jour possible de retrouver une partie des 47 kg manquant, ou ont-ils été définitivement perdus au fil des transactions et des générations ? Sans parler d’autres éclats vraisemblablement disséminés le long de l’ellipse de chute… »
(Maryse Aymes - CLAPAS/ Marie-Line Bardou - Clair d'étoile & Brin d'Jardin).
Un autre témoignage mérite d’être cité. Le 2 juillet 1821, M. Verny, Maire d'Aubenas atteste dans un PV qu’il a été entendu dans sa ville «un bruit roulant qui dura quelques minutes… » qui correspond au phénomène décrit par le Maire de Juvinas.
Ce bruit entendu à Aubenas, a également été perçu à Berrias par Jules de Malbosc, agriculteur mais surtout érudit qui avait connaissance des météorites.
Plus original, en 1822, Aérophile LASMANE (à n’en pas douter un pseudonyme), publie « L'aérolithe de Juvinas. Poème en trois chants » (à Valence chez Marc Aurel, Imprimeur-Libraire).
Ce texte étrange reprend les documents d'époque pour composer un récit qui mêle description du phénomène, impressions humaines, noms des témoins, recherche d'explications scientifiques, aventure de la météorite... dans un souci de vérité.
Il sert de recueil historique à cet événement certains autres documents ayant depuis disparu et nous informe notamment sur une trajectoire possible de la météorite après sa chute.
Sources :
Maryse AYMES - Association CLAPAS
Marie-Line BARDOU - Association Clair d'étoiles & Brin d'Jardin
Archives de l'Ardèche - Fonds Albin Mazon
Revue Le Règne Minéral et Louis-Dominique BAYLE (rédacteur en chef)
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Exposition

Lors de l’édition 2012, un fragment de la météorite de Juvinas était exposé à l'Office de Tourisme Intercommunal, Maison Champanhet à Vals les Bains.
D’un poids de 4 kg, ce fragment parmi les plus gros de ce qui reste de la météorite de Juvinas avait été gracieusement prêté par le Muséum National Histoire Naturelle de Paris, que nous tenons à remercier encore.